La question du vieillissement de la population immigrée en France n’est pas récente. Elle prend cependant une acuité particulière depuis quelques années, en lien avec la prise de conscience du vieillissement général de la population. On rappellera que 12 millions de personnes ont aujourd’hui plus de 60 ans en France, représentant 21% de la population. Elles seront 17 millions en 2020, soit plus de 27%. En 2015, 40% de la population sera âgée de plus de 50 ans. A bien des égards, la problématique posée par les travailleurs migrants vieillissants n’est qu’un aspect de la question plus générale de la condition des personnes âgées dans notre société. Or comme de nombreux gériatres l’ont fait remarquer, et comme le scandale l’a rendu visible lors de l’épisode morbide de la canicule de l’été 2003, le vieillissement de la population française, la situation des personnes vieillissantes reste encore un objet trop peu étudié et un phénomène trop marqué par le désintérêt d’une société qui choisit plus volontiers ses modèles d’identification dans la jeunesse que dans la vieillesse. Le relatif insuccès des ouvrages ayant trait au vieillissement, de Simone de Beauvoir à Régis Debray, illustre suffisamment le comportement spontané de l’ensemble de notre société, qui répugne à regarder en face la finitude et se détourne de la condition de ses membres les plus âgés. La situation des travailleurs migrants âgés ne fait ainsi pas exception, mais les spécificités de cette population ne font que redoubler l’isolement, l’indifférence dont sont trop fréquemment l’objet les personnes âgées.
Adapter la prise en charge sociale d’une population immigrée qui vieillit, tel est l’enjeu aujourd’hui.
Source : Rapport du Haut Conseil à l’Intégration 2003
« La condition sociale des travailleurs immigrés âgés »
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